Nos coups de coeur littéraires.

Le nom d’un fou s’écrit partout est la biographie de Fernand Deligny, né en 1913, mort en 1996, homme passionné et passionnant, ayant consacré une bonne part de sa vie à recueillir dans divers lieux ouverts et expérimentaux des enfants autistes et psychotiques, dans des conditions très précaires. Il a également écrit, filmé, il s’est battu contre l’ordre établi. Il a croisé Jean Oury et Felix Guattari, François Truffaut et d’autres personnalités marquantes de l’après-guerre. Il fut communiste (« un prêt à penser à votre...
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Françoise Ascal poursuit son œuvre poétique conjointement à la publication de ses journaux. En cet automne, les éditions Æencrages & Co publient cet ensemble de vingt poèmes accompagné de peintures de Caroline Francois-Rubino. Les brumes de Françoise Ascal sont aussi bien réelles, physiques, que métaphoriques. Elles sont état complexe et paradoxal : eau et air, visibles et impalpables, intimes et étrangères, lieu dont on voudrait sortir, pour voir enfin, et cocon protecteur.
On retrouve chez l’écrivaine ce désir inaccessible...
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Ubique est un recueil urbain, dans son tempo (vif, mobile), dans sa géographie (tramway, bus, commerces), dans les êtres qui le traversent. Ubique, c’est : partout, c’est notre ville, la vôtre, l’espace partagé le temps d’un trajet en bus, le café du coin.
La cité est une « maison publique », pleine de voix multiples, que Frédérique Cosnier recueille, ou plutôt attrape au vol. Les corps se cotoient, se frottent sous l’œil de l’écrivaine – son regard plus attentif, plus aigü d’être poète :
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Ma mère n’a pas eu d’enfant s’inscrit dans la lignée de L’Interlocutrice, livre paru au Nouvel Attila 2015 et consacré à la mère de l’autrice. Dans ce présent récit, accueilli par les belles éditions des Lisières, Geneviève Peigné écrit à partir de cette situation si commune d’être à l’âge où les deux parents sont décédés. Mais, plus singulier, elle n’est pas seulement orpheline : sans frère, sans sœur, sans enfants, née de parents eux-mêmes enfants uniques, l’écrivaine cherche le terme...
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Des histoires de mères défaillantes, on en a lu beaucoup. Vampiriques et cruelles, elles laissent derrière elles un champ de ruines sur lequel il faut se reconstruire.
Le récit d’Isabelle Flaten se déroule chronologiquement. La narratrice est d’abord une enfant ballotée au gré des déménagements, une enfant qu’on dépose chez des grands-parents, des tantes, comme un paquet embarrassant. Le père meurt. La fillette grandit, devient adulte, encombre toujours par des questions qui menacent le beau et fragile roman...
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Cinquante textes au format similaire, cinquante carrés autonomes et cousus ensemble pour réaliser une sorte de « patchwork », une couverture familière et douillette, tricotée à la main et qui tient chaud. Chaque carré reprend les mêmes fils de laine : le jardin, le poulailler, la « carabanne » refuge et lieu d’écriture, Peter Handke (omniprésent), les enfants, le renard. Parfois un fil, chute de pelote ou trouvaille de hasard, se glisse dans l’ouvrage – comme ce « carré zutique » qui...
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L’odeur d’un père de Catherine Weinzaepflen
Editions des femmes
Catherine Weinzaepflen avait un père qui vivait en Afrique. Parents divorcés, à partir de 11 ans , elle ira donc passer ses vacances chez ce père. Elle écrit dans ce livre sa vie africaine, non à l’image de Karen Blixen et sa ferme africaine, quoique son amour du pays, sa chaleur, ses odeurs qui mènent aux souvenirs, et l’instant de l’éclosion des fleurs de caféiers sont comme un discret clin d’oeil. Toutefois, le père n’habite pas une ferme...
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Françoise Ascal appelle toujours son lecteur par des titres vivifiants et interrogeants tels des bribes de haïku : Le Bleu d’octobre, Rêve de verticalité, Table de veille … L’Obstination du perce-neige s’inscrit dans cette lignée, complétant la suite poétique. Ce carnet dévoile, par fragments, des années de vie et de réflexions de 2012 à 2017. Le lecteur est invité à entrer en intimité, pas de manière voyeuriste, plutôt pour partager, en humilité, les questions du quotidien. Comment se débrouiller pour se sentir en vie, pour...
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Ariane Dreyfus aime les compagnonnages. La danse, le cinéma, la peinture. On l’a lu dans de précédents recueils. Elle écrit ici dans la lumière des Malheurs de Sophie. Compagnonnage, on devrait plutôt dire : élan, rampe de lancement, tant ces quelques épisodes du livre de la comtesse de Ségur revisités donnent vitalité et force aux poèmes. Qu’on connaisse ou pas, qu’on ait souvenir ou pas de cette lecture, là n’est pas l’important. C’est toute l’enfance qu’on retrouve dans cette « vie élastique » : sa...
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Autobiographies de la faim
Sylvie Durbec
Editions Rhubarbe
Autobiographies de la faim tire les fils de la faim et de la fin, les noue, les dénoue, les tisse avec les motifs du père, de la mère, des absents, de la mémoire et des narrations possibles.
« Toute histoire est celle d’une faim.
D’une fin aussi. »
Chambre 52 d’un hôpital, pendant que la mère s’en va vers le silence, l’extinction progressive de la faim et donc la fin, la fille divague. Elle divague dans...
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