pendant cent jours, Marcelline Roux croise son journal avec celui de Virginia Wool.

(c) catevrard
Vendredi 28 mars 1941, Mercredi 23 octobre 2019
Sur la colline, Maison Jules Roy
Le journal est clos. Virginia n’est plus.
A qui écrire mon centième jour ?
Aux pensées que Virginia a eues en marchant vers l’eau ?
A Léonard lisant sa dernière lettre ? Aux rhododendrons qu’il taillait ?
A la rivière Ouse ?
A la maison de Rodmell ? A l’orme qui abrite ses cendres ?
Aux sentiers des collines d’Asheham ?
Aux robes qu’elle n’achètera plus ?
...
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(c) catevrard
mercredi 15 janvier 1941 dimanche 21 Juillet 2019
J-1 ! La fin approche et tout me rappelle à vous. Vita et Virginia sort en salles et une série d’émissions vous sont consacrées sur France culture. Le film n’est pas un chef d’œuvre, plutôt une bizarrerie composite mais cette tentative de renouveler le biopic donne à entendre votre correspondance avec Vita Sackville, votre volonté de mettre la femme au cœur de sa liberté. Je passe sur les scènes d’hallucinations produites avec des effets...
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(c) catevrard
vendredi 15 novembre 1940 samedi 22 juin 2019
Chère Virginia,
Je nous ai installées à l’ombre des bouleaux. J’ai lu votre page de journal. Vous décrivez votre emploi du temps bousculé par la présence de Léonard, près du feu, dans votre pièce, empêchant votre passage à l’écriture, l’achat d’un pantalon en serge bleu, les inondations, les bombardements, vos doutes par rapport à l’écriture et puis soudain votre revigorant mise en ordre de votre fameuse chambre à vous. En écho, j’ai enfin...
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(c) catevrard
Dimanche 20 octobre 1940 dimanche 9 juin 2019
De retour à Londres, vous découvrez des files de personnes, avec valises et enfants, attendre devant les bouches de métro pour se mettre à l’abri au moment du raid nocturne. A Tavistock Square : amas de ruines, trois maisons rasées. L’endroit, où vous avez écrit nombre de vos livres, n’est que gravats. A votre autre adresse, Meck Square, les vitres ont été soufflées, vos bibliothèques effondrées. Vous vous mettez en quête des cahiers de...
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(c) catevrard
Dimanche 15 septembre 1940, dimanche 26 mai 2019
Les bombardements ne cessent pas sur Londres. La Hogarth Press est touchée comme la cour du British Museum, beaucoup de barges coulées, de pertes humaines. Le courrier arrive de plus en plus lentement, les trains sont irréguliers. Votre cuisinière s’en va et vous vous réjouissez. Vous avez toujours craint les présences domestiques. Vous instaurez quotidiennement « un acte de damnation d’Hitler ». Vous transportez du bois, manquez...
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Lundi 19 août 1940 lundi 13 mai 2019
(c) catevrard
Hier dimanche, vous avez entendu un bruit énorme, juste au-dessus de vos têtes, quatre bombardiers, des requins rugissants. Pour la première fois, vous avez eu le sentiment de l’échapper belle. Du coup, vous vous sentez incapable de lire. La guerre vous prend, enserre votre esprit, vole au-dessus de vous. Votre Roger Fry se vend mal : depuis le raid londonien, les ventes sont descendues à 15 exemplaires par jour. Les écrivains comme les...
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mosaïques Pascale Pla
Samedi 20 juillet 1940 Samedi 5 mai 2019
Votre jour est un jour à la Prévert. Vous notez une liste de noms, les uns à la suite des autres, vous avouez ne pas avoir le temps mais voudriez parler de chacun plus longuement. Vous notez sans développer, juste pour vous souvenir et y revenir plus tard. Je n’y crois pas. Ce que l’on n’écrit pas immédiatement dans un journal, restera à jamais lapidaire. Cela sert au mieux d’aide-mémoire pour le diariste. J’ai tendance, moi aussi, à...
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(c)catevrard
Dimanche 14 avril
J’aurais pu tricher. Garder cette chronique pour la fin. J’aurais pu faire un joli pied de nez à cette fin. Construire une subtile mise en abîme et faire que les cent jours ne finissent pas. J’aurais pu et la tentation fut forte. J’aurais pu mais j’aurais eu la sensation de rompre un pacte que j’avais avec vous depuis 91 jours : celui d’écrire une page dans la foulée de la lecture de votre journal, au fil du temps, sans chercher de construction en amont, si ce n’est celle de me...
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Samedi 6 avril 1940 Samedi 6 avril 2019
(c) catevrard
Nous sommes en écho de samedi et de 6 avril. Je peux même ajouter de lumière : « infiniment colorée, froide et tendre. »Je m’arrête là car je n’ai pas, comme vous, mangé un dur steak de cheval procuré avec des tickets de rationnement. « Ce devait être un malheureux cheval de fiacre de Bloomsbury ». J’ose espérer ne pas être au bord d’une guerre mais cela est difficile à savoir quand on a le nez plongé dans son époque. Dans mon...
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(c) catevrard
Dimanche 24 mars 1940 dimanche 24 mars 2019
Vous vous remettez difficilement de la grippe, des accès de fièvre continuent de vous accabler malgré une certaine tranquillité intérieure. Vous prenez un bain, contemplez les bouquets de votre maison et Léonard travaille au jardin en chemise bleue. Vous n’avez pas de livre sur le feu sauf le Roger Fry en corrections et des articles en vue pour Le Commun des lecteurs. Est-ce cela qui vous accorde ce répit ou l’arrivée du printemps et des oiseaux perchés sur...
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