Citéville et Citéruine sont deux albums conjoints de Jérôme Dubois qui abritent le quotidien d’une ville banale, pourvue de supermarchés, de services, d’administrations, de pavillons et d’immeubles.
Dans la tradition des utopies ou uchronies, Citéville nous présente une société fondée sur le seul principe marchand. Tout se vend, tout s’achète, y compris les enfants. Heureusement, se dit-on, nous ne vivrons jamais cela. Sauf que, à y regarder de plus près, notre monde contemporain présente de curieuses similitudes architecturales, relationnelles, économiques, avec les pages de Jérôme Dubois.
Citéruine est le pendant déserté et ruiné de Citéville. Ne reste que les décors (les mêmes, case par case), mais sans leurs habitants et en état de délabrement. Que s’est-il passé ? On ne le saura pas, et peu importe au fond tant la disparition du monde d’avant n’entraîne aucun regret. Dans ces espaces désaffectés et privés de toute forme de vie (pas un homme, pas une bête), on se prend à rêver d’un possible. Repartir à zéro, réinvestir les bâtiments, les maisons, s’y bâtir une vie meilleure.
Deux albums au trait inventif, deux albums qui résonnent singulièrement avec notre époque.
Citéville, éditions Cornelius
Citéruine, editions Matière
FG